Mon père, ton constat est très juste, il y a la pauvreté culturelle et la peur; on pourrait même ajouter une spiritualité au rabais. C'est pour cela même que je voulais organiser cette journée; car, il est important que les leaders (ceux qui se prétendent comme tels) comprennent au moins bien les enjeux de ce monde. Quand un aveugle guide d'autres aveugles, il est plus probable qu'ils tombent dans un trou. Nous sommes dans ce cas de figure.

Oui, vous faites bien de le souligner, l'Evèque a manqué de vigilance, tout autant que son homologue musulman (l'Imam de la grande mosquée); leur comportement, leur promptitude à suivre les politiques, fait partie de ces choses qui ouvrent la voie aux tenants d'une radicalité. JP l'a souligné dans son analyse en ce qui concerne l'Islam dit traditionnel. Nous ne sommes pas en Amérique latine n'est-ce pas où une jonction entre des éléments issus des églises et des mouvements sociaux divers a ouvert des perspectives heureuses en matière de libération ?

Dans nos pays, nous n'avons pas encore fini de payer notre dette envers l'ignorance, qui conduit à la peur, et donc à la démission face à des défis importants. Les événements de ces derniers jours sauront-ils réveiller tout le monde ? C'est ce qu'il faut espérer, comme l'a si bien dit un magistrat à la retraite de confession protestante, Issoufou Abba Moussa, à qui j'ai rendu visite pour exprimer ma compassion suite à l'incendie et au saccage de leur maison familiale à Zinder. 

En tout cas, je constate que pour l'instant, nos dirigeants ne donnent pas l'impression d'avoir tiré le moindre enseignement de ces événements. Après le message à la nation qui a déploré ce qui est arrivé, aucune initiative n'a été annoncée, pas de visite sur le terrain; seules les opérations de police semblent être en marche comme si la police pouvait être d'une quelconque efficacité, elle qui n'a pas su anticiper ce qui est arrivé, et qui s'est contentée d'assurer la protection d'une seule des cibles potentielles d’éventuelles manifs à Niamey : le siège du principal parti au pouvoir.

Sous d'autres cieux, les autorités compenseraient leur imprévoyance par des initiatives multiples; ici, on n'est pas coupable d'être imprévoyant, seul Dieu est prévoyant. Oui, seul LUI est prévoyant, mais il nous a donné aussi tout ce qu'il faut pour que nous le soyons également dans la limite du possible. Les dirigeants n'ont pas vu venir; et quand c'est arrivé à Zinder, ils ont pensé que cela n'arriverait pas à Niamey, tout en prenant soin de protéger leur siège.

Bonne nuit

 

Tchangari